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Histoire des coureurs de bois : Amérique du Nord, 1600-1840 / Gilles Havard
Livre
Edité par les Indes savantes. Paris - 2016
Gilles Havard présente l'histoire des coureurs de bois (nommés aussi trappeurs, canoteurs, chasseurs, colporteurs, traiteurs, navigateurs, hommes libres) ces hommes d'origine européenne surtout française qui sillonnèrent l'Amérique du Nord de 1600-1840 à la rencontre des Indiens pour la traite des fourrures (commerce de la pelleterie et circulations pelletières) permet d'étudier la naissance d'une culture à la croisée des mondes européens et amérindiens, la construction des sociétés coloniales, l'élaboration d'un modèle de masculinité alternatif, le métissage, la place des femmes autochtones. Ils sillonnèrent le Nouveau Monde (pays d'en haut : Nouvelle-France, Grands Lacs, Bassin du Mississippi, les Grandes Plaines, piémonts des Appalaches, Montagnes Rocheuses, plateau de la Colombia, Athabasca, le Grand bassin) en quête de pelleteries par l'exploitation des ressources fauniques (animaux à fourrures comme la castor, chevreuil, bison...) en formant des sociabilités itinérantes et masculines associées aux communautés autochtones, leurs traces en tant qu'explorateurs, chasseurs-traiteurs permet de comprendre les voies multiples de l'indianisation et du métissage et de se rendre compte de cette Amérique insolite. Une aventure interculturelle intense et méconnue, longue de deux siècles qui s'est joué sur tout un continent. Emergence par ce vagabondage d'une véritable culture du voyage par cette mobilité spatiale et sociale dans les Amériques coloniales grâce à la navigation-canotière fluviale et aux anciennes pistes indiennes, c'est l'empire des canots d'écorce (pirogues, barges, convois équestres), cette course des bois fut souvent marginalisé par les autorités coloniales (criminalisation de l'errance), considéré comme un espace de l'ensauvagement (une francité dégradé et préjugés raciaux-sociaux), puis face à l'extension géographique de la traite, évolution vers une légitimation des voyages à l'intérieur des terres par une acceptation de la mobilité pelletière pour des raisons économiques et militaires dans le processus de colonisation du continent américain. La traite devient le symbole de la canadianité, une divagation forestière lieux de sociabilités pelletières pour des hivernants, en effet les autorités ont souvent dénoncé, criminalisé, parfois légitimé ou encouragé ces voyages en pays indien de ces hommes libres. Des interactions sociales par l'adaptation socioculturelle des coureurs de bois, des solidarités transnationales par la plasticité des territoires nord américains, une prolétarisation par la subordination des travailleurs des rivières (négociants-équipeurs, commerçants, voyageurs, engagés dans les comptoirs, forts militaires, campements de chasse, camps autochtones) aux caompagnies de commerce de fourrures, fluidité des appartenance dans les zones interlopes de la traite, indianisation, des pratiques langagières nouvelles et le rôle d'interprètes des traiteurs, bilinguisme, amérindianisme du lexique. Une véritable école du voyage par l'héroïsme, une culture de l'oralité, valorisation de qualités singulières car ces hommes libres revendiquent une identité particulière (autochtonie et autonomie) en communautés distinctes, créolité et métissage euro-indien, émergence d'une nation des métis (bois-brûlés) dans les plaines canadiennes. Un univers transitoire qui s'est finalement désagrégé, un héritage divers par la présence des descendants métis, la toponymie, gallicisme, patrimoine folklorique des lieux et des pratiques de traite. ©Electre 2016
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